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LE COURAGE DE CHOISIR
12/10/2010 23:55
Paul MBA ABESSOLE
LE COURAGE DE CHOISIR
LETTRE A TOUS.
Je ne parcours ni les quartiers, ni le pays, ces derniers temps. Beaucoup se demandent ce que je pense, parce que je ne m’exprime guère dans la presse. Je laisse cela à d’autres qui se targuent d’être des opposants aujourd’hui alors qu’ils ont participé activement au pillage de notre pays et n’ont usé de leur intelligence que pour empêcher le Gabon d’avancer. Ils savent ce qu’ils ont fait, on ne peut pas se mentir à soi-même. On peut jouer la comédie, mais personne n’est dupe, depuis les adultes jusqu’aux jeunes qu’à tort on croit ignorants.
J’ai choisi de garder le silence non par désintérêt de ce qui se passe, mais pour écrire sur certains sujets que j’estime importants et sur lesquels d’ailleurs j’ai donné un avis, dans le passé. Malheureusement, les mots se sont envolés ; ceux qui m’ont écouté, pendant des années, les ont oubliés. Je regrette de n’avoir pas décidé d’écrire plus tôt, car si je l’avais fait, on ne se demanderait pas ce que je pense aujourd’hui. Je crois avoir pourtant répété les mêmes idées, les mêmes convictions, depuis plus de vingt ans.
Des ragots me parviennent. Certains relèvent de l’intoxication, d’autres de la haine gratuite et des mensonges flagrants. J’entends dire que Mba-Abessole fait des voltes face. Les mots français n’ont plus de sens dans notre pays. Qu’on me dise : entre celui qui pilote une pirogue et qui évite les vagues pour que celle-ci ne chavire pas, tout en restant dans son embarcation et celui qui quitte sa pirogue pour aller dans une autre, lequel des deux est changeant ? C’est bien celui qui quitte sa pirogue pour monter dans une autre ! Il y laisse les passagers à la merci des flots. Je m’étonne que certains se disent « garçons » alors qu’ils ont déserté leur parti politique. Je ne sache pas qu’on ait déjà entendu dire que Mba-Abessole a changé de parti politique. Mon parti, à travers les vingt dernières années, est resté sur sa ligne idéologique. Il défend toujours les mêmes idées sur l’homme, l’éducation, la santé, l’organisation des élections et son ambition pour le Gabon.
Qui a fait volte face ? Paul Mba-Abessole ou celui qui, naguère, disait que l’école cadeau était impossible et qui la trouve possible aujourd’hui ? Je trouve dans tout cela des vociférations de corrompus, de prostitués et de dépressifs ! Je voudrais mener de vrais débats sur le Gabon. Je défie quiconque de parler d’un programme pour le Gabon, aujourd’hui, sans rejoindre tout de suite les idées de Paul Mba-Abessole. Ceux qui nous ont quittés, au lieu de dire qu’ils avaient faim et qu’ils voulaient aller manger ailleurs, nous parlent de changement d’orientation du parti. De quel changement s’agit-il ? Personne n’est naïf. J’affirme qu’ils ont touché de l’argent pour quitter Mba-Abessole. Mais ils ne savaient pas que quand on trahit un innocent, il y a toujours un témoin secret qui voit et enregistre le contenu de l’enveloppe. J’en connais de mes faux amis qui ont tout perdu à cause de leur bêtise avec des escrocs, envoyés dans leurs pattes par nos adversaires. Ces derniers leur ayant promis de les rendre milliardaires, ils ont stupidement dilapidé les biens qu’ils avaient eus grâce au Rassemblement. N’est-ce pas, Monsieur… ? On ne se moque pas impunément du Rassemblement Pour le Gabon ! Celui qui veut faire la polémique, qu’il sache que je suis capable d’en faire. Mes trente ans de lutte m’ont de connaître les uns et les autres. J’ai des choses à dire. Bref, le temps de la polémique sévère viendra, si on veut l’engager avec moi. J’ai mes dossiers, résultats de plus de trente ans d’investigation. J’ai eu des informations de tous les contacts que j’ai eus avec les uns et les autres. J’ai aussi beaucoup de renseignements que je tiens d’Omar Bongo Ondimba. Je sais qui faisait quoi, qui était dans la nasse d’Omar, qui était respectable ou pas. Celui qui dégainera doit savoir qu’il sera face à mille soldats. Bref, le but de ce message n’est pas la controverse, mais la clarification de certaines choses pour les jeunes à qui on raconte n’importe quoi. Il le faut, car les lâches et les traîtres d’hier se présentent aujourd’hui comme des héros devant les jeunes parce que ces derniers ne savent pas ce qui s’est passé depuis 1946.
Pour l’instant, je voudrais parler sereinement avec celui qui veut bien avoir la gentillesse de me lire. Je me permets d’adopter un ton intimiste. Mon âge me le permet, n’est-ce pas ? Tu t’appelles Sébastien, Hélène, Omar, Aminata ou Mevengo. Je t’invite à la plage pour nous asseoir sur un banc face au Restaurant « Le Phare du large ». Tiens, les bancs sont peints en bleu marine sur décision du maire Jean-François Ntoutoume Emane de la tribu Essanang. Il a choisi cette couleur probablement parce qu’il est né près de la mer à travers laquelle il voit Libreville. Une façon d’exprimer sa nostalgie des chants des piroguiers Essanang, Ebifil, Essissis, Yendjü, traversant, au rythme de leurs pagaies, l’Estuaire à partir de Metekmavi, Chinchoua, Nyonye, Bissobinam, Atondossimba, Mekokmebon et Mfoulenzem. Quand j’étais à la tête de
la Mairie
de Libreville, j’avais, moi, demandé de les peindre en bleu ciel, parce que je voulais qu’on voie Libreville à travers ce bleu. Je voulais que notre Capitale brille, dans le ciel, comme une étoile et que tout le monde l’aime, comme Owoula Nzame aimait Elombanyame.
Je souhaite que notre entretien se fasse dans la décontraction. Pour cela, situons-nous au-delà des préjugés et des on-dit qui nous empêchent de parvenir à la vérité, laquelle vérité, seule, nous permet de prendre de bonnes décisions. Nous transgresserons des tabous, s’il le faut, nous devons avancer. Chacun de nous se présentera d’abord, fera connaître son histoire personnelle, car on ne peut pas parler valablement de notre histoire nationale si nous ne connaissons pas notre histoire personnelle. Je n’aime pas avoir affaire à des gens qui vivent dans la peur permanente de voir dévoilées leurs turpitudes. Je commence. Puis tu feras comme moi et ensuite nous engagerons le dialogue.
Je m’appelle Paul MBA-ABESSOLE. Un nom dont beaucoup ont fait un programme politique. Pour eux, plus ils l’auront sali, plus ils vont faire avancer le Gabon ! Fort heureusement les fils de la lumière sont là pour témoigner. Il faut savoir qu’aucun de ceux qui ont participé à l’avilissement du Gabon ne peut aimer mon discours ni entendre parler de moi. Je suis né, le 9 octobre 1939. Comme tu peux le constater, je suis dans mes soixante onzième années. Je n’ai pas encore l’âge d’Abraham qui avait cent ans, lorsque Dieu lui a promis un enfant. Abraham « se dit en lui-même - Un homme naîtrait-il d’un homme de cent ans - ? » (Gn 17, 17). Tu vois donc qu’un homme de Soixante dix ans a toujours de l’avenir. Tiens une petite ouverture cabalistique, pas compliquée : 70, en hébreu, est représenté par « ayin », seizième lettre de l’alphabet hébraïque. Ayin veut dire « œil » et « source », et 71 = 70 (ayin) + 1 (aleph). Interprétons : l’œil de l’unité ou la source de l’unité. Je suis donc à l’âge où on doit être fédérateur des différences. Concluons : je dois être la lumière qui éclaire et la source qui désaltère. Amusant, n’est-ce pas ? Je suis né dans un village qui s’appelait Nyungako II. Ce nom est, en réalité, composé du nom « nyung = arc-en-ciel) et du verbe « e kohobe = s’arc-bouter ». Le nom signifie donc le village où « l’arc-en- ciel est arc-bouté », et ce village était le deuxième qui portait ce nom dans le troisième canton du Como Kango. Dans le même ordre d’idée, le chiffre deux est représenté par la lettre « beit (b) = maison ». Je n’insiste pas, je veux te montrer simplement que je me suis efforcé d’approfondir mes connaissances sur moi-même. Et tout cela a une relation avec ce qu’on m’avait dit - et dont je me souviens encore -, à mon initiation au Melan, l’initiation par excellence chez les fang. Avant d’aller à l’école coloniale, j’ai appris à lire la langue fang avec mon père qui était catéchiste. Je lis et écris le fang couramment. A cela, j’ai ajouté mes études de linguistique avec spécialisation dans les langues africaines dont la méthode d’étude est spéciale. La méthode de Saussure est inopérante pour ces langues.
J’ai complété ma formation multidimensionnelle à l’université symbolique que j’appelle « Université d’Akaméssatouck ». J’ai eu comme maîtres : Manfred Mendame Ndong, de Keng-akok (G9), Jean-Baptiste Mebiame de Sougoudzapville(G9), Emmanuel Mba Allogo de Bolossoville (G9), Paul Avine Minso de Ndzengayong (G6), Martine Mendome d’Andock (G6), Matthias Awong d’Abenelang (G6), Albert Metembe de Nsia (G6), Léon Anzele de Makokou (G6), Vincent de Paul Nyonda de Fougamou (G4), Jules Sandoungout de Franceville (G2), Gabriel Evoung de Ntsengkele G6), Victor Mendume de Messè (G6), Gabriel Beko d’Ayulmebang (G6), Paul Ndong Minko de Nzafieng (G6), Raphaël Obame de Bissobinlam (G6), Nkoghe-Obiang de Nzamalighe (G1), Paul Ntoma de Toulon (G9) Boussougou de Mocabe (G5), Ferdinand Moundounga de Moabi (G5) Thérèse Zémo Zang d’Angone (G9), Luc Oye de Nkang (G9), Yves Evouna de Mbenga (G9), Casimir Menye d’Afon (G9), Raphaël Essaba de Sam (G9), Mgr François Ndong de Libreville (G1), Mgr Cyriaque Obamba de Lambaréné (G3), Mgr Félicien Makouaka de Dibwangui (G4), Mgr André-Fernand Anguilè de Libreville (G1), Jean-Hilaire Aubame de Libreville (G1), Albert-Bernard Omar Bongo Ondimba de Bongoville (G2), les Mères Maria Pia de Libreville (G1), Cécilia de Libreville(G1), Clementia de Lambaréné (G3), les Abbés Charles Aboghe Mba d’Engongom (G3), Aloyse Eyeang Mintsa d’Andock Foula (G1), Joseph Mintsa d’Angone (G9).
J’ai appris à connaître en profondeur les membres de ma famille. J’ai obtenu un certain nombre d’informations sur chacun d’eux. Je sais qui est véritablement de mon clan, de ma tribu. Je connais les enfants légitimes, adoptés et adultérins ; j’ai été informé sur les circonstances de la naissance d’un bon nombre d’entre eux. Mais malgré cela, dans ma famille, personne ne regarde l’autre de haut. Nous avons reçu la même éducation qui nous a socialisés. Et nous nous regardons comme des frères égaux.
Tu pourrais croire que je cherche à me surfaire. Pas du tout. Se surfaire ne change rien de ce qu’on est. La vérité, c’est la vérité, le reste n’est qu’habillage. Je continue encore un peu. Mon grand-père était un guerrier. Ce disant, j’affirme qu’il a tué d’autres êtres humains, sinon on n’aurait pas dit qu’il était guerrier. Ce que je dis de lui vaut aussi pour mes oncles Effack qui étaient de grands guerriers. Lui et eux étaient des tueurs d’hommes. Et l’on doit savoir que quiconque entre dans l’armée devient un tueur d’hommes en puissance, sinon, il ne serait pas soldat. On sait que, durant les guerres, on tue et torture souvent injustement. Mais il existe un accord tacite que tout le monde accepte. Je ne condamne pas la guerre a priori, mais je sais qu’il est difficile d’en établir rationnellement la légalité et la légitimité.
J’ai fait des études pour devenir prêtre dans l’Eglise Catholique, Apostolique et Romaine, en sachant bien qu’au cours de son histoire ancienne et contemporaine elle n’a pas toujours été une communauté d’amour, que ses serviteurs, depuis le sommet de la hiérarchie jusqu’à sa base, n’ont pas toujours été des exemples. Je dois dire que je n’attendais pas d’eux qu’ils soient mes modèles, une fois devenu adulte par mes études. J’ai compris très tôt qu’un seul est modèle, c’est Jésus Christ. Ni les Papes, ni les Evêques, ni les prêtres ne sont des saints ou plutôt si, mais ils ne le sont que dans la mesure où Dieu leur a pardonné leurs péchés. Un saint n’est pas celui qui ne fait pas de péchés, mais celui à qui Dieu a pardonné ses péchés. Les critiques que l’on peut adresser à l’Eglise catholique ou à ses serviteurs n’ébranlent nullement ma foi, et je ne ferais brûler personne à cause de cela. Je crois être un homme libre. Mais j’ai des arguments – je m’y suis préparé pendant des années- pour répondre à nombre de critiques fondées et infondées contre cette Eglise. Il faut savoir défendre sa mère, même quand elle a tort. Un avocat ne défend pas un criminel, mais l’être humain qui est dans un criminel. Je m’arrête là et te laisse te présenter aussi. Présente-toi, comme je l’ai fait. Dis-moi ce qui fait ta vérité. Tu me dis ce que tu veux. L’essentiel pour moi est de savoir que tu as compris l’importance de ton histoire personnelle qui doit être le support de notre histoire commune du Gabon. Cet exercice que je te demande est nécessaire pour chaque gabonais. Si tu le fais bien, tu seras en mesure de discuter avec tout le monde sans complexe. Dis-toi à toi-même ce que tu es, base de ton devenir.
Tu es :
kota, mahongwe, saké, dambomo, o yemua !
punu, gui sir, merambugha !
ndzèbi, aduma, o masohogha !
téké-obamba, wè manizuga !
orungu, nkomi, galwa : mboloani !
pubvi, o matumgha !
tsogo, apindji : bokayé (o timoya) !
vili, lumbu, wandji, varama, kanangui, okandé, simba, bongom,
akele, bakwele, batwa, sekiani, vungu, mbolo !
haoussa, sanu!
fang, makina, mbaba kire !
Que ceux que je n’ai pas cités me pardonnent. Ils sont aussi bien présents dans mon cœur. Ce que je souhaite, c’est que chacun garde et entretienne sa langue maternelle. La langue maternelle est celle qui protège, ouvre le monde à nous, nous donne le statut de citoyen. C’est elle aussi qui est notre première source de connaissances. Chacune d’elles véhicule pour nous, depuis des siècles, des savoirs que nous devons redécouvrir. Si une seule disparaît, ce serait avec son monde des savoirs. Une véritable catastrophe pour nous !
A toi, la parole. Dis-moi ce dont tu n’as pas honte. Mais, après, tu te diras à toi-même tes origines. N’aie pas peur de te dire la vérité, pour te libérer. Le nom de ton père géniteur, adoptif ; si tu es un enfant adultérin, illégitime ou incestueux, avoue-le à toi-même. Ce sont des choses que nos communautés culturelles connaissent depuis longtemps Si tu es né de quelqu’un qui n’est pas bien, accepte-le, même s’il t’a abandonné. Le nom de ta mère ? Tu dois savoir comment elle t’a eu ; était-elle mariée ou pas ? Est-elle ou était-elle péripatéticienne ? Ce que je te demande, c’est un bain psychologique. Continue à te poser des questions toi-même afin que tu sois un homme ou une femme. Tu sais, j’ai fouillé dans la vie de mon père que j’ai fini par savoir qu’il était né dans la forêt où mes grands-parents avaient fui à l’annonce de la guerre de 1914-1918. C’est pour cela que mon village actuel s’appelle « Ayeme-Agoula, Pont Central-la forêt »… Bien. Je t’ai écouté attentivement. Je pense que tu t’es libéré. Ainsi après nos deux présentations, nous pouvons, pour avancer, aborder = quatre = sujets sensibles qui empoisonnent nos existences : « Tout sauf le fang, le népotisme, le tribalisme et le sectarisme politique ».
D’abord, le slogan dévastateur « Tout sauf le fang ». Nous devons en rendre le débat public, il faut en finir une fois pour toutes. Que les fang en discutent entre eux, les non fang entre eux et ensemble les fang et les non fang. Ce slogan était murmuré, il y a quelques années ; personne n’y faisait attention. Aujourd’hui, il a pris de l’ampleur. On en parle de plus en plus ouvertement, sans gêne. Il s’est transformé, à l’heure actuelle, chez certains, en une sorte de haine viscérale, tellement forte qu’elle ne permet plus une discussion sereine. Nous ne pouvons pas en rester là. Il faut débattre avant qu’il ne soit trop tard. L’avenir de notre pays en dépend. Nous nous trouvons devant une sorte de nazisme, idéologie d’un parti politique fondé en Allemagne en 1920. Cette vision divisait hiérarchiquement l’espèce humaine en races, au sommet de laquelle se situait la « race aryenne ». Je ne veux pas rapporter ici tout ce que j’ai pu entendre à ce sujet. Inouï ! Le principe du nazisme est de s’opposer à quelqu’un, de l’exclure socialement, politiquement, économiquement parce qu’il appartient à une autre race, à une autre religion, sans tenir aucun compte de ses compétences, du fait qu’il est un être humain comme nous. Cela se ressent dans tout le pays. Chacun se replie chez soi. C’est pire qu’un simple repli identitaire où un groupe se recroqueville sur lui-même pour défendre sa spécificité menacée par d’autres.
Tu es peut-être partisan de ce slogan. C’est ton droit, mais il faut que tu le déclares publiquement et que tu donnes tes arguments que je ne condamne pas a priori ; il faut discuter. En attendant, je te dis qu’on ne peut pas exclure presque 40% de la population des postes de responsabilité sans arguments valables. Si c’est par simple peur, sans raison, je dis que tu peux t’en libérer. Tu as été en pays fang comme fonctionnaire, tu sais combien ils t’ont bien reçu et combien ils t’ont honoré dans tes fonctions. Je n’ai jamais entendu dire par un non fang qu’il avait été maltraité dans ses fonctions en pays fang. Qu’attendais-tu des fang qu’ils ne t’ont pas donné ? A partir du moment où tu n’as aucune raison valable de haïr quelqu’un, tu dois changer d’attitude vis-à-vis de lui, sinon tu te fais du mal à toi-même et à tes enfants. Et même si tu as des raisons valables, tu ne peux pas couvrir un groupe humain d’opprobre à cause des manques de certains de ses membres. Chacun doit être responsable de ses actes. Personne ne doit subir les conséquences des actes posés par d’autres.
Je t’ai écouté attentivement, mais tu ne m’as pas donné un argument convaincant. Moi, je vais t’en donner un à partir duquel je souhaite qu’on engage une réflexion nationale pour arriver à une réconciliation. Le vrai problème est celui des enfants que les fang ont abandonnés dans le sud du Gabon. Imagine-toi : tous les fonctionnaires fang qui ont travaillé, dans le sud du Gabon, y ont laissé, chacun, au moins deux enfants, depuis cinquante ans. Cela fait un bon nombre, tu en conviens. Ces enfants savent qu’ils sont nés des fang, leurs mamans le leur ont dit. On devine l’état psychologique d’une femme abandonnée, avec un ou plusieurs enfants. Parce que frustrée, elle en veut nécessairement à l’homme qui l’a abandonnée. De plus, elle inscrit cette haine dans le cœur de ses enfants. Ces derniers, pour bon nombre, intelligents, ont fait de grandes études et occupent, aujourd’hui, de hauts postes dans l’administration. Frustrés comme leurs mamans, ils ne peuvent qu’être contre leurs pères fang défaillants et, par conséquent, déversent ce ressentiment sur tous les fang qui, à leurs yeux sont mauvais, méchants, arrogants.
Quelle solution proposer ? Simple, pour moi. Il faut que les fang qui ont laissé des enfants dans le sud du Gabon les retrouvent, les reconnaissent pour qu’on en fasse un inventaire complet. Les enfants eux-mêmes peuvent se déclarer si leurs mamans sont mortes. Le premier devoir est de reconnaître, ensuite procéder à une indemnisation symbolique afin de réconcilier les familles. Ainsi mettrons-nous fin à tous les ressentiments que nous connaissons. L’Etat, à mon avis, doit apporter sa contribution pour arriver à cette réconciliation générale.
Ensuite le népotisme. Il vient du latin « nepos, tis » et désigne, de nos jours et par extension, une pratique qui, pour un responsable élu, haut fonctionnaire, notable, dirigeant d’entreprise, consiste à distribuer des honneurs, des avantages ou des postes, à des membres de sa famille, à des amis ou à des proches plutôt qu’aux personnes qui y ont droit ou qui sont les plus compétentes. Cette pratique est malheureusement généralisée chez nous. On voit, à certaines fonctions, dans l’administration, des hommes et des femmes qui, manifestement, ne sont pas à même de les assumer. Naturellement, pour cacher leur incompétence, ils sont arrogants et n’acceptent aucune remarque, aucune proposition des collaborateurs. Les résultats de cette pratique sont évidents : une administration incompétente, inefficace, paresseuse. A cause d’elle, l’Etat est bloqué en bien des points.
Troisièmement, le tribalisme. Il est basé sur une organisation de la société fondée sur l’appartenance des individus à des clans ou à des communautés culturelles. Je constate qu’il a gagné du terrain, malgré les déclarations des uns et des autres sur le mal que cette pratique fait à notre pays. On accuse naturellement les autres d’être tribalistes, mais on ne l’est pas soi-même. Certains comportements par rapport à ce mal donnent une impression de résignation.
Il me vient à l’esprit un témoignage d’une jeune fille à la recherche d’un emploi, après de bonnes études à l’étranger. Elle s’est présentée à un directeur des ressources humaines dans un secteur d’activité. Ce fonctionnaire, d’une autre communauté culturelle qu’elle, sans la moindre gêne, a dit à la jeune fille – Pourquoi te présentes-tu à moi au lieu d’aller vers tes frères d’ethnie ? La pauvre a été sidérée de cette réponse aussi irresponsable que saugrenue. On peut imaginer tout ce qu’elle a pu penser de notre administration et du groupe culturel de ce fonctionnaire. On peut multiplier des témoignages semblables dans tous les secteurs d’activité de notre pays.
Enfin le sectarisme politique. Nous vivons un sectarisme politique sans précédent. On voit tout à travers les partis politiques ; les hommes et les femmes, dans notre pays, n’ont plus de personnalité, on les identifie tous à des partis politiques qui, de ce fait, se sont transformés en véritables prisons. La vraie identité d’un individu, ce n’est plus son nom, sa date de naissance, les noms de ses parents et sa profession, mais l’appartenance ou non à un parti politique. C’est en fonction de cette appartenance que tu es agréé.
Dans ces quatre domaines, des abus innombrables. On ne pense plus au pays. Chacun se remplit les poches le plus possible. Mais rien ne se fait pour le bien de l’ensemble. Tout le monde s’en plaint, mais personne ne fait rien. J’ai entendu de hauts responsables de notre pays se lamenter sur le fait que les enfants regardent n’importe quoi à la télévision. Ce n’était pas ainsi quand ils étaient enfants, disent-ils. Je leur réponds que si on ne voyait pas de mauvaises images « en leur temps », c’est parce que les responsables politiques d’alors avaient pris des décisions à ce sujet. Il ne tient donc qu’à eux de prendre des décisions pour que les choses changent. Si le Gouvernement dont la tâche est de prendre des décisions passe son temps à se lamenter, qui va alors décider ? Chacun croit faire la politique, comme on dit. On fait des réunions dans les quartiers, on distribue de l’argent pour se faire bien voir en vue des prochaines élections. On ne pense pas au travail à réaliser, mais aux élections. Chacun est déjà en train de confectionner ses listes pour 2011. Mais la « Baie des cochons » est toujours là. De moins en moins d’enfants vont à l’école par manque de moyens financiers. Dans les hôpitaux on soigne peu ou mal, alors que nous avons des médecins compétents. On ne prend aucun problème à bras le corps comme on dit pour le résoudre durablement. Toujours la fuite en avant. On continue à faire la politique, mais pour qui ? Et pour quoi ?
Nous avons connu, pendant la colonisation, un système politique multipartiste. Il marchait bien, parce que la puissance coloniale veillait pour maintenir l’ordre et la paix. Nous étions donc sous surveillance. Toutes les élections se passaient bien dans le calme et la sérénité, dans la transparence, sans violence. Puis l’indépendance est venue dans les conditions que nous savons. Et à partir de 1963 ont commencé les tensions qui ont entraîné le coup d’Etat de 1964 dont on connaît mal les dessous. Je sais un certain nombre de choses que je tiens d’Omar Bongo Ondimba. Léon Mba n’aura dirigé vraiment le Gabon qu’entre 1960 et 1963. A partir de 1965, il était malade et se battait contre la maladie qui le rongeait et contre ses frères fang. Il est mort sans avoir pu mener jusqu’au bout un seul de ses grands projets.
Albert-Bernard Omar Bongo Ondimba lui succéda. Il analysa la situation et arriva à la conclusion qu’il fallait dissoudre tous les partis. Ce qu’il fit et il en créa un, le Parti Démocratique Gabonais (PDG), en 1968. Il mit en place le système du monopartisme, pensant en finir définitivement avec les tensions. Ce système a duré vingt trois ans et a montré aussi ses limites, avec tous les abus que tout le monde a dénoncés : le tribalisme, le népotisme, l’occupation des postes dits juteux réservés seulement à un groupe, les détournements des fonds publics, les violations des droits de l’homme, les crimes impunis, etc. etc.
C’est ainsi qu’on est revenu au multipartisme en 1990, dans le désordre, de mon point de vue. Nous sommes sortis de
la Conférence
Nationale
sans un consensus prospectif et durable. On a écrit des textes fondés non pas sur la réalité de notre vie, mais sur des vœux basés sur des choses extérieures. Nous vivons ce multipartisme depuis une vingtaine d’années. Nous nous rendons compte de ses limites aussi. Nous y retrouvons ce que nous avons reproché au monopartisme, parfois même en pire. Nous continuons à nous poser la question de savoir ce qui nous permettrait de nous en sortir. Nous avons l’impression d’avoir tout essayé. On ne sait plus quoi faire. Allons voir chez les autres. Allons à Athènes dont, dit-on, serait partie la démocratie.
Reportons-nous au VIè siècle av JC, plus exactement en 508, année où Clisthène, père de la démocratie grecque, lança sa réforme. Il a introduit, dan la gestion politique d’Athènes, la discussion et la libre expression dans un cadre, appelé « dème » que l’on a traduit improprement « peuple » ; en fait, c’est une circonscription administrative minimale à partir de laquelle commençaient les discussions libres. Tout le monde pouvait y participer. Chacun s’exprimait librement, même les métèques (de meteikos = étranger dégrossi, contrairement au barbaros = paysan, non dégrossi). Le métèque était un étranger domicilié à Athènes. Lorsqu’une guerre prolongée, une colonie ou tout autre événement avait diminué le nombre des citoyens, c’était dans les rangs des métèques qu’on choisissait des individus pour remplir le vide.
L’objectif de Clisthène n’était ni de construire l’unité nationale, ni de promouvoir les droits de l’homme, mais de gagner les guerres. Il avait, en effet, constaté qu’Athènes perdait les guerres contre ses ennemis, surtout celles contre Sparte, parce que le bas peuple, pliant sous le poids des inégalités sociales, n’y était pas impliqué et, de ce fait, ne s’intéressait pas à ce qui se passait, contrairement à leurs ennemis qui combattaient tous pour la patrie. Il avait besoin d’une organisation des citoyens en plusieurs instances dont celle de base était le dème (dêmos), circonscription administrative. L’exercice du pouvoir commençait par la liberté d’expression à l’intérieur du dème (dêmos = dême, cratos = commandement). Le principe de la même loi (isonomie) pour tous a fait prendre conscience à chacun qu’il était important et que son avis était nécessaire pour la marche de la cité. Dès lors tous pouvaient se mobiliser pour défendre Athènes, le cas échéant.
Cette réforme de Clisthène fut méritoire, mais on peut se demander si les mentalités avaient vraiment changé, puisque 109 ans exactement plus tard, Socrate, le philosophe, a été condamné en 399 av JC, parce qu’il initiait ses interlocuteurs à la réflexion et à la liberté d’expression. Chose étonnante, aucune voix ne s’était élevée pour le défendre. Cela veut dire qu’à cette époque, Athènes n’était pas bien avancée dans la gestion politique des hommes et des idées. En effet, les deux raisons de la condamnation de Socrate étaient ridicules. Reportons-nous à « L’Apologie de Socrate ». La première : « Socrate est coupable de travailler témérairement à scruter les choses qui sont sous la terre comme celles qui sont dans le ciel, à faire de la cause la plus faible la cause la plus forte et d’enseigner à d’autres d’en faire autant ». Socrate voulait éduquer son peuple, mais les chefs politiques ne le voulaient pas. Un pouvoir intolérant qui voulait maintenir ses citoyens dans l’ignorance. Il ne peut donc pas être regardé comme un modèle pour l’humanité. Socrate n’a pas d’avocat, car tous sont contre lui ; il répond lui-même à cette accusation et affirme qu’il ne se fait pas payer comme les Sophistes. « Non, voyez-vous, dit-il, ces griefs ne tiennent pas debout ! Pas davantage, en vérité, n’avez-vous entendu dire à personne que j’entreprenne de faire l’éducation des gens et que j’exige de l’argent pour cela : voilà encore qui n’est pas exact ».
La deuxième accusation contre Socrate a deux volets : corrompre la jeunesse et ne pas croire aux Dieux de l’Etat. Socrate y répond : « C’est spontanément que s’attache à moi la jeunesse, celle qui a le plus de loisirs, celle des familles les plus riches, heureuse d’entendre soumettre des gens à un examen, m’imitant maintes fois et s’essayant, par la suite, à examiner d’autres gens ». A l’accusation de ne pas croire aux Dieux de l’Etat, il réplique : «… mon adversaire, pour moi, c’est évident, se contredit lui-même dans sa plainte, qui équivaut à dire « Socrate est coupable de ne pas croire aux Dieux, tout en croyant cependant aux Dieux ! Or c’est bien là le fait de quelqu’un qui s’amuse ». Socrate termine ainsi son plaidoyer : « Oui, Athéniens, je crois en eux (Dieux) comme ne fait aucun de mes accusateurs, et je m’en remets à vous, ainsi qu’au Dieu, de prendre à mon sujet la décision qui devra être la meilleure pour moi comme pour vous ».
La condamnation de Socrate montre que la société d’Athènes est injuste, corrompue et intolérante. Ses responsables sont des incompétents. Mélètos, défenseurs des poètes, Anytos, des hommes de métiers et des politiques, Lycon, des orateurs sont incapables de tenir un discours cohérent. Les trois montrent à quel point la société athénienne est ignorante, on dirait plus exactement « nesciente ». C’est ainsi que vexés d’être mis à nu par Socrate, ils voulaient en finir avec lui. La meilleure décision pour eux fut effectivement celle de la mise à mort du gêneur.
Les Athéniens ne voulaient pas reconnaître les vrais sages parmi eux. Un autre cas, avant Socrate, celui de Chérépon, un ami du peuple et qui, à cause de ses idées, a connu l’exil. En tout cas, à la lecture d’ »Apologie de Socrate », nous voyons qu’Athènes a une réputation surfaite. Le père de la maïeutique s’exclame : « O le meilleur des hommes, toi qui es Athéniens, un citoyen de la ville la plus considérable, de celle qui, pour le savoir et la puissance, a le plus beau renom, tu n’as pas honte d’avoir le souci de posséder la plus grande fortune possible, et la réputation, et les honneurs, tandis que de la pensée, de la vérité, de l’amélioration de ton âme, tu ne te soucies point et n’y penses même pas ! »
Le jugement est clair. Nous ne pouvons pas trouver dans la démocratie athénienne un système politique qui nous convienne. Le système de la majorité est le principe de l’injustice et de la guerre. La vérité n’est pas synonyme du nombre. Un petit groupe peut avoir raison d’un grand groupe parce qu’il détient la vérité. C’est avec celle-ci qu’on bâtit la paix et l’unité.
Allons voir à Rome. Peut-être pourrons-nous trouver quelques éléments pour notre système politique au Gabon. Le système de Rome ne nous avance pas beaucoup non plus. Nous y trouvons malheureusement les mêmes tares qu’à Athènes.
Nous pouvons avoir une idée précise du fonctionnement du système de Rome dans la condamnation, au premier siècle de notre ère, de Jésus de Nazareth. Rappelons d’abord qu’à cette époque,
la Palestine
était une colonie romaine. Ceux qui y exerçaient le pouvoir politique étaient des Romains. Le gouverneur en place était Pilate. Le pouvoir religieux était exercé par un grand prêtre qui s’appelait Caïphe. Contrairement à ses habitudes, dans ses colonies, Rome avait laissé aux Juifs la liberté de leur culte, mais, en contre partie, le pouvoir politique avait un droit de regard sur tout ce qui se décidait dans le domaine religieux. Notamment, les Juifs ne pouvaient pas condamner à mort quelqu’un des leurs sans en référer au pouvoir politique. En tout cas, il en était ainsi de la condamnation à mort. C’est ainsi qu’à Pilate qui leur dit, dans l’évangile de Jean : « Prenez-le et jugez-le vous-mêmes suivant votre loi », les juifs répondent « Il ne nous est pas permis de mettre quelqu’un à mort » (Jn 18,31).
La condamnation à mort de Jésus est d&eacu
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L'ACCESSION A L'INDEPENDANCE OU LE CINQUIEME TOURNANT MANQUE PAR LE GABON
10/08/2010 16:24
Nous poursuivons la publication des extraits de l’œuvre de Paul MBA ABESSOLE intitulée LE GABON OU LE MALENTENDU PERMANENT. Il s’agit du 5ème Tournant manqué par le Gabon, selon l’auteur.
« Notre pays est devenu indépendant, le 17 août 1960. Cet évènement aurait dû être l’aboutissement normal d’un processus pensé, maîtrisé, mais il n’en a rien été. Nous nous sommes comportés, depuis 1945, comme si notre pays n’avait pas eu des résistants comme Emane Tole de Ndjolé, Nzibe Nsie de kango, Nyonda Makita de Moabi, Wongo de Lastourville. Il faut le dire, l’indépendance nous est tombée dessus. L’importance de cet évènement aurait dû nous obliger à nous retrouver pour décider ensemble des grandes orientations pour l’avenir de notre pays, pour lequel certains ont versé leur sang. Nous sommes devenus indépendants dans le désordre, il faut le dire clairement.
Le numéro 90 de la revue française d’études politiques africaines de juin 1973 est consacré à la République Gabonaise. Les journalistes Gilbert Comte, Philippe Decraene et Yves Schaetzen y présentent trois études sur la politique intérieure de notre pays, sur place dans les relations internationales et sur l’évolution de son économie.
Je ne retiens ici, que l’article de Gilbert Comte. Il fait d’abord une constatation générale sur l’Afrique Noire ; il souligne l’existence des rivalités ethniques qui précédèrent presque partout l’émergence d’un véritable esprit national. Le Gabon n’était pas une exception de ce point de vue, mais s’en est sorti sans déchirements mortels.
Cependant, à la veille de l’Indépendance, se trouvaient face à face Jean-Hilaire Aubame, Chef de l’Union Démocratique et Sociale du Gabon(UDSG) et Léon Mba, Chef du Bloc Démocratique Gabonais (BDG). Pendant plus d’une décennie, leur antagonisme a dominé la vie politique du pays et accumulé de « redoutables poisons ». C’est dans ce climat qu’on se trouvait jusqu’à la proclamation de l’indépendance. Chacun défendait son parti, mais se souciait peu de l’avenir du pays. On n’avait pas pris la mesure de l’importance de l’accession d’un pays à l’indépendance.
Par rapport à l’indépendance, deux camps, deux points de vue. Celui de Jean-Hilaire Aubame et celui de Léon Mba. Le camp de Jean-Hilaire Aubame déclare, par son représentant, le 02/01/1960 : « Le moment est venu d’envisager dans un bref délai l’accession du Gabon à la souveraineté internationale au terme d’une réforme où le pays resterait avec la France et non au sein de la République Française ». Paul Ngondjout, parlant au nom du BDG, le 09 février 1960, déclara : « Eu égard à l’insuffisance présente des cadres administratifs et techniques autochtones, je préfère à l’indépendance totale et nominale, qui plongerait l’Etat Gabonais dans un néo-colonialisme, la souveraineté interne actuelle qui lui permet de se préparer de manière efficiente à assurer ses responsabilités internationales ».
Mais pendant que les partisans de léon Mba et de Jean-Hilaire Aubame s’étripaient à Libreville, les vraies décisions se prenaient à Paris. Ce que rapporte Luis Sanmarco, dans son livre « Le colonisateur colonisé » en témoigne éloquemment. Dernier administrateur colonial, l’auteur du livre dit avoir été chargé d’aller négocier à Paris le statut de Département du Gabon. Malheureusement pour lui, d’autres décisions l’y attendaient. Je le cite : « Je fus reçu comme un chien dans un jeu de quilles. Le Ministre Cornut-Gentil fut même désagréable : « Sanmarco, vous êtes tombé sur la tête ??? Allez, l’indépendance comme tout le monde ! ». Voilà comment notre statut de Gabon souverain nous a été accordé. Nous n’étions pas prêts à ce changement. Car, au préalable, pas de réflexion, pas de concertation.
C’est ainsi que le 17 août 1960, à minuit, Léon Mba proclama notre indépendance en des termes très émouvants : « En invoquant Dieu et à la face des hommes, par délégation des pouvoirs que je tiens du peuple gabonais, et en vertu du droit de ce peuple à disposer de lui-même, je proclame solennellement l’indépendance de la République Gabonaise ».
L’indépendance était là, mais un paradoxe demeurait : le camp qui ne souhaitait pas l’indépendance, sept mois auparavant, en devint le gestionnaire et celui qui le voulait, dans les plus brefs délais, était relégué dans l’opposition. Nous sommes devant le cinquième malentendu. En fin de compte, à cause du manque de concertation, aucun des deux camps n’était prêt à gérer véritablement une souveraineté internationale ».
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JOURNALISME ET DEMOCRATIE
09/08/2010 19:31
JOURNALISME ET DEMOCRATIE
Par Paul MBA ABESSOLE
Le texte qui suit est un extrait de la conférence animée le 15/02/08 par Paul MBA ABESSOLE, Président du Rassemblement Pour le Gabon (RPG) à la demande du président de Gabon Presse Edition(GPE), l’Abbé Noël NGWA NGUEMA.
« …A présent, nous allons montrer quel rôle le journalisme peut ou doit jouer dans notre pays, plus précisément dans notre système démocratique.
Reconnaissons d’emblée que le journalisme n’a pas bonne presse dans notre pays actuellement. Beaucoup pensent, en effet, que le journalisme, au lieu d’être au service de la démocratie, est devenu exclusivement un moyen de propagande.
De moyen, il s’est fait commerce, et comme tous les commerces, il est sans foi ni loi. Si bien qu’on dit que tout journal est une boutique où l’on vend au public ou à des individus des paroles de la couleur dont ils les veulent. Un journal n’est plus fait pour éclairer, mais pour flatter les opinions. Ainsi, tous les journaux sont dans un temps donné, lâches, hypocrites, infâmes, menteurs, assassins. Ils tuent les idées, ils anéantissent même les hommes.
Beaucoup pensent,-et ils n’ont pas tout à fait tort-, que le journalisme dévoie notre démocratie à cause du comportement de bon nombre de nos journalistes. Peut-être est-ce là un jugement trop dur. Mais nous sommes quand même face à des réalités dont, pour le moins, on peut dire qu’elles n’aident pas notre système de politique participative à s’améliorer.
Les uns ont choisi de se ranger du côté du pouvoir et en deviennent des chantres. Pour eux, tout ce qui fait ce pouvoir est normal et nécessaire. Ils mettent leur imagination en œuvre pour en trouver toutes les justifications possibles et imaginables. Ils se taisent sur ses côtés négatifs ou sur ses fautes graves. Ils se font un devoir de travailler l’opinion dans ce sens. Ils s’efforcent d’amener celle-ci à croire que, dans la situation actuelle, on ne peut pas faire mieux. Ceux qui croient le contraire sont, à leur avis, des irresponsables et des rêveurs.
Quand ils éprouvent de la peine à convaincre l’opinion, ils prennent des exemples dans d’autres pays soi disant de référence avérée. Ils veulent distraire l’opinion des vrais problèmes qui se posent. Ainsi, toute idée novatrice est-elle systématiquement décriée, parfois ridiculisée. Ce qui ne relève pas du point de vue défendu officiellement fait souvent l’objet des railleries.
Parce qu’ils se trouvent en situation de force, ces journalistes ne font plus aucun effort pour vérifier la véracité des informations. Ils comptent sur les médias, sur la presse écrite, parlée, audiovisuelle, pour relayer leur version des choses, contre laquelle ceux qui pensent le contraire ne peuvent rien, puisqu’ils n’ont pas la force médiatique pour faire entendre leur voix.
Les journalistes qui ont fait ce choix deviennent des griots qui se transforment progressivement en assassins de la démocratie dont le principe de base est le pluralisme d’opinions. Ils recourent souvent aux mensonges pour imposer leurs prétendues analyses.
Les autres se positionnent résolument contre le pouvoir. Ils s’opposent systématiquement à tout ce qui se fait. Ils se fabriquent une image perfectionniste pour avoir toujours quelque chose à redire. Ils sont en fait, une autre facette de ceux dont nous avons parlé plus haut. Installés dans leurs préjugés, ils n’en démordent pas, même si on leur démontre le contraire.
Souvent ils sont hargneux et de mauvaise foi. Dès lors, le souci du pays n’existe plus et le devoir du respect de l’autre est en permanence rendu facultatif. Au fond, celui qui a fait le choix pour le pouvoir et celui qui s’y oppose vivent, dans leur esprit, le parti unique ou mieux une pensée unique. S’allier à celui qui prétend avoir raison sur tout, c’est se constituer porte-parole de la dictature. Ici, comme plus haut, on est assassin des idées et fossoyeur de la démocratie.
D’autres, enfin, ne sont ni pour le pouvoir ni pour l’opposition. En réalité, ils sont à la fois de partout et de nulle part. Ce sont des opportunistes, autrement dit des prostitués qui, bien maquillés et alléchants, attendent les clients sur un trottoir. On les appelle les mercenaires de la plume. Leur objectif n’est pas d’informer mais d’écrire ce qui leur est suggéré, moyennant des sommes d’argent.
Un bel exemple, à cet égard, dans Le Temps n°200 du jeudi 8 novembre 2007. Ce journal écrit sur un prétendu litige « entre M. Paul MBA ABESSOLE et la Mairie de Kango ». Il titre « Le Conseil municipal a tranché ». L’article est signé d’un certain Félicien ANGO NGOGUE, nom qui rappelle un certain ancien Chef de Canton de cette localité dont tous savent qu’il n’a pas laissé une réputation de saint homme. C’est probablement un pseudonyme. Un journaliste sérieux ne pouvait pas signer un article aussi léger, cousu d’allégations sans preuve aucune(…)
S’il avait eu le souci d’informer réellement l’opinion, il se serait rapproché de la partie mise en cause par la Mairie de Kango pour avoir d’autres éléments d’analyse. Il s’est contenté de toucher un peu d’argent du Maire de Kango, M. Edouard ENGOHAN ALOGHE, et a publié son texte. Je donne, ici, seulement deux documents de ce dossier- il y en a une vingtaine- qui montrent que le terrain dont il est question a été acquis tout à fait normalement par M. Paul MBA ABESSOLE, sur instruction du Maire de Kango lui-même. Malgré cette acquisition, ce dernier a quand même fait écrire un article mensonger. Grave ! (…)
On peut dire que l’auteur de l’article est malhonnête parce qu’il a écrit sur un dossier qu’il ne maîtrisait pas. Le Maire l’est encore plus. Il a donné la preuve qu’il ne suit pas les dossiers pour lesquels il donne des instructions. En fait, il a voulu mettre en cause le troisième Maire Adjoint, chargé du Cadastre, de la Voirie et du Patrimoine, M. Hippolyte EVIE NGUEMA, pour cacher sa turpitude d’avoir signé une convention avec une société sur un terrain qui était déjà attribué à un citoyen, comme en témoignent les documents signalés plus haut. Il s’agit d’une lettre de M. Paul MBA ABESSOLE au Maire pour la demande d’un terrain au bord du Como. La procédure a été engagée par le Maire lui-même et a abouti à un plan de bornage signé, le 6 octobre 2006(…)
Naturellement, un journaliste à la solde d’un responsable incompétent ne peut que desservir la démocratie. Non seulement il la discrédite, mais il la met encore en danger.
Il la dessert parce qu’il ne donne pas aux citoyens les informations qui leur permettent de se faire une opinion rationnelle pour arriver à la vérité. Les citoyens qui connaissent le dossier se sont faits une très mauvaise idée de la presse et du journalisme. Le journaliste qui a écrit l’article a discrédité sa profession. Par ce fait, il porte un coup à notre système démocratique balbutiant. Or, on sait que sans une presse professionnelle, il ne peut avoir une démocratie crédible. Les mercenaires de la plume n’ont pas de place dans notre démocratie.
Ce journaliste mercenaire est plus dangereux pour la démocratie que les deux premiers cités qui défendent, chacun, un point de vue. Ils l’expriment, même s’il ne leur est pas toujours personnel. A quelques égards, ils peuvent cependant aider les citoyens à comprendre et peut-être même à se faire une opinion acceptable. Par contre, le mercenaire, attiré par l’argent, ne peut rien apporter à la démocratie. Il est à la fois assassin de la démocratie et destructeur des valeurs humaines, du fait qu’il peut affirmer une chose et son contraire, pourvu qu’il soit payé. L’argent est un mauvais maître !
Cet état de chose nous est présentement imposé. Il nous faut nous résoudre à vivre avec lui, apprendre à s’en servir, le cas échéant, pour sauver notre démocratie qui, de plus en plus, est sous le pouvoir de l’argent. Mais nous devons nous battre pour la liberté de la presse en faisant nôtre ce que dit Chateaubriand (1768-1848) auteur de ce qui suit : « La liberté de la presse a été presque l’unique affaire de ma vie politique : j’y ai sacrifié tout ce que je pouvais y sacrifier : temps, travail ou repos. J’ai toujours considéré cette liberté comme une constitution entière : les infractions à la Charte m’ont paru peu de chose tant que nous conservions la faculté d’écrire. Si la Charte était perdue, la liberté de la presse la retrouverait et nous la rendrait ».
Il est bien évident que la presse écrite ou parlée ne peut pas jouer leur rôle véritable et significatif d’information, de vérification et de modérateur de débat public si les journalistes entretiennent des rapports de sujétion avec ceux dont ils décrivent, analysent ou commentent les activités… »
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LES CONCEPTS STRUCTURANTS DE LA CONNAISSANCE GEOGRAPHIQUE SELON LE MODELE D'INTEGRATION DIDACTIQUE DE ZGOR
09/08/2010 16:24
les concepts structurants de la connaissance geographique selon le modele d’INTEGRATION DIDACTIQUE DE ZGOR[i]
Par Léonard MBA ESSOGHO, M.A. en Didactique
Elaboré à la suite d’une longue et profonde réflexion épistémologique, le modèle de Zgor vise l’amélioration de la pratique éducative de la discipline géographique en mettant en relief sa spécificité intellectuelle. Nous ne nous intéresserons ici qu’aux conceptsstructurantsde la connaissance géographique.
Ces concepts sont :
- la morphologie ;
- la localisation ;
- le mouvement.
D’après Zgor, ce sont ces trois concepts qui organisent la connaissance géographique et autour desquels s’articule l’objet de la géographie. Un exemple typique qui peut les concrétiser est celui du torrent qui se distingue par sa morphologie, sa localisation relativement au relief environnant et par son mouvement de l’amont à l’aval.
1. Le concept de morphologie
Ce concept est relié à l’étude de l’anatomie des composantes des phénomènes géographiques. En dépit de son emploi pour désigner l’étude des formes de relief, il concerne toute la discipline dans la mesure où il peut être utilisé aussi bien pour analyser des phénomènes de géographie humaine que de géographie physique. C’est ce concept qui nous permet d’étudier la constitution d’un objet géographique. Dans sa thèse, Zgor explique que le concept de morphologie se manifeste par trois attributs, à savoir la forme, la structure et la taille.
Si la forme exprime les traits externes d’une entité géographique, la structure, quant à elle, décrit la constitution interne de cette entité. A ce niveau, il est question cependant de distinguer les éléments qui constituent l’entité et la façon dont ils sont disposés et combinés. D’autre part, la taille concerne tout ce qui est relatif à la mesure et aux aspects quantitatifs comme la surface, la distance, la densité, etc.
L’importance du concept de morphologie réside dans sa capacité d’élucider, par le biais de ses trois attributs, les caractéristiques
2. Le concept de localisation
Ce concept se situe au centre des préoccupations géographiques et distingue la géographie au sein des sciences humaines. En s’inspirant d’Isnard[ii] et de Bertin[iii], le chercheur englobe dans ce concept la notion d’implantation spatiale (ponctuelle, linéaire ou zonale) des objets géographiques et la notion de position dans un système de référence.
La localisation d’un objet est absolue quand elle réfère à l’ensemble de la planète terre en se basant sur la latitude et la longitude.
Elle est relative quand elle s’effectue par rapport à la position d’autres phénomènes géographiques comme les reliefs, les courants maritimes, etc. Pour bien cerner les différentes implications de la localisation de certains phénomènes, il est important d’avoir recours à ces deux procédés de positionnement dans l’espace.
3. Le concept de mouvement
Zgor précise que les phénomènes étudiés en géographie ne sont pas seulement les phénomènes « statiques » mais « à l’instar de tout milieu vivant, l’espace géographique est animé par des mouvements qui dynamisent sa réorganisation » (Zgor, 1990, p.34). Ainsi, pour étudier ces mouvements, il est nécessaire de les situer dans le temps et dans l’espace selon la nature de l’objet étudié. En effet, la nature des mouvements varie : il y a le mouvement des cours d’eau, des personnes, des informations et même celui de la terre autour du soleil et autour d’elle-même. Le mouvement dans le temps montre l’évolution d’un phénomène dans l’espace. Il peut être étudié tel qu’il est ou à travers son impact. Pour rendre efficace l’utilisation de ce concept, Zgor présente des valeurs ou paramètres à travers lesquels il est possible de caractériser le mouvement de l’objet étudié : il s’agit de l’intensité, de l’envergure, de l’orientation et du rythme du mouvement. Le choix de ces valeurs varie aussi selon la nature et la portée du phénomène traité : l’intensité des échanges entre la ville et la campagne, l’orientation des masses d’air, le rythme du débit d’une rivière, l’envergure de l’évolution d’une entreprise, etc.
En définitive, les concepts « structurants » du savoir géographique, tels qu’ils sont analysés par Zgor et selon la typologie que son modèle assigne à leurs attributs et valeurs, ne peuvent être traités qu’à travers une démarche spécifique à la géographie. Cette dernière résume le raisonnement géographique en trois opérations intellectuelles fondamentales (la description, l’explication et la généralisation) que nous examinerons prochainement.
[i] ZGOR M’hammed (1990) La géographie et la formation intellectuelle. Une contribution à l’élaboration d’un modèle didactique et son application au niveau de l’évaluation de licenciés marocains au seuil de la profession d’enseignement.Bruxelles, Vrije Universiteit, Faculté de psychologie et de pédagogie, thèse de doctorat non publiée, 346 p.
[ii] ISNARD, Hildeberd et al.(1981). Problématique de la géographie.Paris, PUF, 262 p.
[iii]BERTIN, Jacques (1973). La sémiologie graphique, les diagrammes, les réseaux, les cartes. Paris, Mouton,431 p.
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ENJEUX ET DEFIS DE LA GEOGRAPHIE SCOLAIRE
09/08/2010 13:24
Enjeux et défis de la géographie scolaire
par Léonard MBA ESSOGHO
M.A. en Didactique des Disciplines
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Les défis et enjeux auxquels la géographie scolaire est confrontée sont nombreux. Ils sont liés à l’évolution rapide que connaît actuellement le monde : évolution technologique et évolution des mentalités.
Ils sont également liés à la nature de la discipline elle-même et aux grandes questions auxquelles elle doit répondre.
Aujourd’hui, la géographie scolaire est rivalisée par les médias. Les apprenants ont d’autres sources d’informations que le maître. Or, dans le secondaire, on constate que l’enseignement de la géographie se fait le plus souvent par des historiens qui ont une formation insuffisante en géographie et notamment dans l’histoire de l’enseignement de la géographie et de l’épistémologie de la discipline.
La situation est plus préoccupante au primaire où le maître est polyvalent sans qualification dans la discipline. Il y a donc un problème de formation.
Il y a l’épineux problème de l’utilité de la géographie. A quoi sert l’enseignement de la géographie aujourd’hui, au moment où de nouvelles disciplines émergent et où la géographie risque d’être déclassée ?
Les futures réformes risquent de réduire la place de la géographie dans nos systèmes éducatifs.
D’autres questions sont encore sans réponses. Comment faire acquérir les connaissances géographiques aux apprenants ? Comment les apprenants s’approprient-ils le savoir géographique ?
Nous sommes encore « dans la préhistoire de la recherche en didactique » qui a pour objectif l’amélioration de l’enseignement de la géographie.
Autre défi : la complexité de la discipline dont la prise de conscience doit conduire les géographes de toutes les écoles à dialoguer, à échanger. Il ne doit être question de faire disparaître telle ou telle école au profit de telle autre.
L’enseignement de la géographie doit être problématisé. La géographie scolaire doit chercher à répondre à des questions précises.
L’obsolescence des programmes constitue aussi un défi non négligeable. La dichotomie qu’il y a entre les contenus des programmes et le vécu quotidien peut être préjudiciable à la géographie.
Pour retrouver sa place de choix dans le monde actuel, il est indispensable de développer la didactique de l’altérité pour accroître des solidarités entre les hommes et les sociétés. Il n’est plus question présentement de conquérir mais de comprendre l’autre dans sa différence.
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